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Parsifal en escale au Cap-Vert

vendredi 19 février 2010 par Sylvain Guérin

Le récit de voyage est un exercice particulier et exigeant. Il associe deux points de vues opposés.

Le premier point de vue s’apparente à la photographie. Il s’agit de considérer l’instant présent, essayer de ne pas interpréter, rester objectif et saisir au vol des faits, des images, des impressions. Tout noter, absolument tout, prendre une photo ou bien dessiner, enregistrer un son ou une séquence vidéo. Ne pas revenir dessus. Ce qui a été ressenti doit être restitué tel que ca l’a été, car ça correspondait à l’instant vécu, dans le contexte dans lequel ca l’a été. Il faut se garder de toute interprétation, de tout filtrage, qui dénaturerait la restitution.

Le deuxième point de vue est diamétralement opposé. C’est le regard lointain, apaisé ou désabusé, du voyageur de retour au pays qui revit les instants qu’il a passés. Le temps s’est chargé de tout obscurcir, de balayer, de filtrer, d’oublier ou de supprimer les évènements désagréables et d’enjoliver ce qui a été positif, bénéfique ou ce qui nous a valorisé. Mais c’est aussi le temps de la synthèse, de l’interprétation, où l’on essaie de donner un sens à tout, de composer un ensemble logique où l’on peut tout expliquer à partir de quelques situations vécues. "Dans ce pays, les gens sont comme-ci ou comme ca... Je le sais parce que je l’ai vu..." Pour partiale et subjective que soit cette conclusion, elle nous est nécessaire pour comprendre et transmettre.

Ces deux approches sont sans doute complémentaires, et toutes les deux nécessaires.

Le Cap Vert est déjà loin, je l’ai écrit plus haut. Je me retrouve dans la périlleuse posture d’essayer de recomposer un récit à partir de quelques bribes de souvenirs, et des quelques photos que l’on a prises sur place. Les souvenirs s’estompent, les évènements se transforment, les noms des gens s’oublient. On commence à raconter ce qu’il ne s’est pas passé - ou pas exactement de cette façon-là - et à ne pas raconter ce qu’il s’est passé. Alors tant pis, vous êtes prévenus, et il vous faudra excuser les inexactitudes, oublis, mauvaises interprétations, et le parti pris délibéré de nos trois semaines CapVerdiennes, prélude à notre aventure africaine.

Mindelo, capitale de Sao Vincente

Nous sommes arrivés à Mindelo dans un état d’esprit un peu particulier, pressés que nous étions de quitter enfin l’Europe et toutes ces choses qui nous rendaient si mal à l’aise. Il faut dire que la période de mauvais temps canarienne nous avait contraints à séjourner trois semaines dans une marina. Bref, nous étions gavés d’Europe, de consommation et de bouffe, et avides d’autre chose. Et effectivement, le Cap Vert est plutôt dépaysant, géographiquement bien sûr, mais aussi socialement et culturellement parlant.

Le 5 janvier, nous arrivions donc à Mindelo, capitale de la petite île de Sao Vincente. Quelques dizaines de milliers d’habitants seulement, et pourtant troisième ville de ce petit pays qu’est l’archipel du Cap Vert. A première vue et si l’on fait abstraction de l’horrible marina qui défigure le port de Mindelo, rien ne rappelle l’Europe. Front de mer coloré, bâtiments hors d’age datant de l’époque coloniale, plages parsemées d’immondices au milieu des barques bariolées des pêcheurs locaux. Les habitants ont tous la peau noire. A peine posé un pied à terre, l’inévitable attroupement se forme : qui aura la chance de devenir gardien d’annexe pour quelques heures et contre quelques pièces ? Dans les rues, le trafic automobile est intense et ne semble manifestement pas régi par le même code de la route qu’en Europe. De même les normes en matière de conformité des véhicules ont l’air plus permissives (!) Les rues sont bondées. De nombreuses femmes sont assises à même le sol ou sur un petit tabouret, et vendent des légumes et du poisson. Des vendeurs sénégalais ambulants circulent dans la foule pour essayer de caser leurs produits d’artisanat africain.

L’ambiance est détendue, les gens plutôt sympatiques et bienveillants, même si l’on est loin des grandes démonstrations qui nous attendront plus tard sur le continent africain. C’est assez amusant d’observer ceci avec du recul : nous avons eu l’impression d’arriver en Afrique, tout nous semblait africain. Après trois semaines au Sénégal, il nous apparait plutôt maintenant que le Cap-Vert est plus proche du Brésil que de l’Afrique (façon de vivre, la musique et la fête, la nourriture et surtout le carnaval). Mais nous n’avons pas encore vu le Brésil, et tout ca n’est que fantasme de voyageurs. Il n’y a de toute façon pas une Afrique mais des milliers d’Afriques. Peut-être plus. Et puis en parler à ce stade du voyage après quelques semaines sur le sol sénégalais ?

Ces disgressions mises de côté, nous voilà donc à Mindelo. Quelques jours se passent dans une ambiance plutôt tranquille. Plutôt que courir pour découvrir, nous essayons de prendre le temps de vivre et d’explorer notre environnement immédiat, à savoir le quartier qui environne le port. Rapidement, nous commençons à connaître du monde. Nous voilà après quelques jours propulsés dans une famille. La chance nous a permis de rencontrer un émigré capverdien qui vit à Paris et parle donc français. La langue est en effet un obstacle majeur à la rencontre ici, car il s’agit de parler un créole portuguais. Pas toujours facile. Antonio, qui travaille à Paris dans le bâtiment depuis vingt ans, nous fait découvrir sa famille. Ce jour là, il nous aura fallu engloutir trois repas au temps de midi pour ne pas froisser nos hôtes. Les enfants constituent comme toujours un atout pour rencontrer du monde. Ils sont heureux et nous le sommes aussi quand ils se mèlent à d’autres enfants, comme c’est le cas ici. Il faut juste faire en sorte de contrôler Margot pour qu’elle ne démonte pas toute la maison. Belle rencontre en tout cas que cette famille de gens tous simples autant que charmants. En fin d’après-midi, ce sont les enfants de la famille qui sont invités à découvrir à leur tour notre demeure : Parsifal. Antonio est heureux de découvrir un voilier et les enfants ont l’air ravis eux-aussi.

La vie continue, l’école des enfants, l’approvisionnement du bateau. Trouver du gaz, trouver de l’eau. Trouver de l’eau surtout. Pas facile ici à Sao Vincente, véritable trésor payé à prix d’or. Le ronronnement de la centrale de désalinisation toute proche nous ramène en permanence à la réalité de notre existance d’être humain en situation de grande dépendance vis à vis de l’eau. L’accès à l’eau est ici un enjeu clef : seuls les gens riches y ont accès en grande quantité : pour les autres, il faut transporter des bidons, vendus très cher, et surtout, surtout, se rationner. Comment vivre dans des conditions d’hygiène décentes sans eau, comment laver ? Ceci n’est pas vrai pour toutes les îles du Cap Vert, certaines possédant en effet d’importantes réserves et de l’eau douce courante tout au long de l’année.

Préparation du carnaval de Mindelo

Le temps passant, l’envie de quitter la ville nous taraude et nous commencons à prendre des aluguers qui quittent la ville (aluguer, littéralement "à louer", version locale des taxi-brousse). Nous découvrons notamment la praia das Gatas, sorte de banlieue de Mindelo, une cité-dortoir pour le week-end, toute proche des plages, déserte et terriblement sinistre en semaine à cette période de l’année. La pression immobilière y est parait-il très forte. Etrange, l’endroit n’est vraiment pas accueillant. Et puis aussi, au détour d’une excursion, on découvre un petit village de pêcheurs. L’embarcation locale est toute petite, en bois et très artisanale. Les pêcheurs naviguent au moteur ou à la voile, les voiles étant taillées avec une multitude de sacs de riz cousus entre eux. Les plus chanceux reviennent avec un gros thon (Patudo ou Albacore), avec lequel nous partageons une place dans l’aluguer qui nous ramène à Mindelo.

Les après-midi sont parfois consacrés à des séances de plage. Une petite plage borde en effet la ville un peu plus au nord. Ambiance toute brésilienne, ou en tout cas conforme à l’idée que l’on s’en fait. Un haut-lieu de rendez-vous pour la jeunesse de Mindelo. Les filles s’exhibent sans retenue et les garcons arpentent la plage en courant et en faisant des exercices de musculation. Les corps sont sublimes, l’ambiance détendue. Le baromètre est à la drague. Le maître-nageur également. Au milieu de ce théâtre en plein air, nous offrons le spectacle d’une petite famille bien tranquille, papa-maman et les deux enfants, bouée canard et équipement de rigueur pour toute virée à la plage en famille. Nous faisons un après-midi connaissance de Jean, un français marié à une capverdienne, qui vient récemment d’émigrer à Mindelo, avec sa femme et sa fille Thayana. Les enfants s’adoptent bien évidemment et passent des heures à jouer ensemble. Une bonne troupe d’une dizaine d’enfants colorés facon "united colors of Benetton" s’égaillent sur la plage pendant que les parents s’abreuvent à coup de punch local dans les cahutes en tôle de l’autre côté de la rue. Encore une fois, c’est l’occasion d’inviter une famille capverdienne à venir découvrir le bateau. Très chouette rencontre également que celle de Jean et de sa famille (agrandie pour l’occasion par mal de gosses voisins). Super journée de pêche à bord de Parsifal où l’on a réussi à prendre une bonite à la ligne depuis le bateau au mouillage !

De l’autre côté du canal de Sao Vincente : Santo Antao

De l’autre côté du canal de Sao Vincente se dessinent les côtes de Santo Antao, une île dont on entend tellement vanter les charmes que l’on hésite pas non plus à prendre le ferry pour aller y passer quelques jours. Cette île est à proprement parler hallucinante de beauté. Le bateau nous amène tout d’abord sur la côte est, à Porto Novo, un paysage que l’on commence à connaître, désertique, hostile. Et puis un aluguer nous conduit vers la côte nord. Nous nous arrêtons pour deux jours dans la vallée de Paul. A ce stade du récit, je suis embêté, car la beauté des paysages de cette vallée est vraiment indescriptible. Très honnêtement, Armelle et moi sommes tous les deux tombés d’accord sur le fait que peu d’endroits dans le monde nous ont semblé si merveilleux. Un petit paradis terrestre, un jardin d’abondance ou l’eau coule à profusion, et ou tout pousse. Nous passons là des heures merveilleuses, à randonner dans les montagnes au milieu des cannes à sucre, des plans de café, des papayers, et de quasiment toutes les espèces végétales que l’on peut imaginer pousser sous ces latitudes. Ici les gens sont accueillants, on nous offre tout. C’est magique. Mais tout à une fin, notre argent n’est pas inépuisable et la pension un peu chère, alors nous quittons nos chères montagnes pour retrouver la vie aquatique. Un petit détour par la côte nord-ouest de l’île, quelques villages de pêcheurs, une route pittoresque au milieu des montagnes, et un dernier tour de ferry, et nous retrouvons Parsifal sur son ancre dans la baie de Mindelo.

Nous sommes d’ailleurs vraiment contents de retrouver Parsifal, quand on apprend que pendant ces quelques jours où l’on a quitté le bateau, le bateau voisin a disparu. Un bateau sur son ancre, mouillé dans le port, doté d’un gardien, et qui disparaît en une nuit ! Les langues se délient peu à peu, et il semblerait qu’un gars du port soit soupconné d’avoir volé le bateau pour partir en Amérique du Sud. Il a en effet disparu cette nuit là, après avoir été vu acheter une grande quantité de bidons d’eau potable. Tout ceci nous ramène à une autre réalité que nous aimerions bien occulter, mais que tous les voiliers de passage à Mindelo après avoir visité d’autre îles nous rappellent à l’occasion, c’est que ce petit pays semble connaître une hausse de criminalité et de violence. Presque tous les bateaux y vont de leur anecdote personelle : les vols sont vraiment courants, moteurs, annexes, effets personnels dans la rue. Beaucoup de sont fait agresser à plusieurs reprises. Praia à Santiago semble décrocher la palme de la violence. Les militaires et la police sont sur le port à Praia la capitale, et conseillent à tous les bateaux de s’enfermer à partir de 19h. Nous n’aurons pas connus de tels faits, et notre séjour au Cap Vert a été totalement exempts de ce genre de mésaventures, mais il semblerait que la majorité des bateaux ont connu des problèmes de sécurité. Signe des temps ou simple coincidence conjoncturelle ?

Nous passons encore quelques jours à Mindelo. Nous rencontrons à nouveau des amis voiliers (Baloo et Kiravera notamment) avec des enfants à bord. C’est la fête, et l’occasion de grandes virée à la plage avec notre grande bande d’enfants. Mais le temps s’accélère brutalement. Nous avions en effet rencontré des amis qui avaient effectué dans le Sine Saloum au Sénégal une mission pour Voiles Sans Frontières. Séduits par leur expérience, nous avions fait nous-même acte de candidature pour cette année, au cas où un bateau se désisterait. Ce qui est le cas. On nous propose de participer à une mission médicale, si nous pouvons être à Dakar d’ici au 26 janvier. C’est juste, mais jouable. Nous acceptons bien volontier. Il s’agit d’utiliser le bateau comme "base logistique" dans le delta du Saloum, où les villages sont peu accessibles, pour accueillir une équipe médicale pluridisciplinaire composée d’un médecin, d’une infirmère, une sage-femme, un dentiste et un opticien. C’est parti, et c’est d’autant plus chouette que nous sommes justement à cette période où l’on ressent la vacuité d’une existence purement spectatrice. Tant mieux si l’on peut se rendre un peu utiles.

De Mindelo à Sal, les îles au vent du Cap-Vert

Donc voilà, notre séjour au Cap Vert va se terminer plus tôt que prévu, sans que ce ne soit trop grave d’ailleurs. Nous ne sommes qu’à 500 milles de l’Afrique, et sur le chemin d’une transat, alors on pourra y repasser si on veut, plus tard. Seul petit problème : la météo. Nous allons à l’est, alors que les vents sont nord-est, et forts. 500 milles de galère au près nous attendent. Pas réjouissant. On décide d’y aller petit à petit, pour ménager nos forces, et de caboter au nord de l’archipel.

Nous quittons Mindelo le 19 janvier, à destination de la première petite île à l’est. Il s’agit de Santa Luzia, une petite île non habitée, désertique comme toutes les îles de la région où nous attendent deux tortues carete. Après une trentaine de milles, Parsifal pose son ancre dans une petite baie abritée des vents dominants de nord-est. C’est le début d’une superbe séance de plongée et de chasse sous-marine, avec une quantité de poissons hallucinante. Je m’offre le luxe de partir chasser avec Louise. Avec ses brassards, je la laisse en surface le temps de chaque apnée, et elle me regarde tirer les poissons. "Encore raté, Papa !" C’est vraiment génial de pouvoir partager ces moments avec les enfants. Même en étant si maladroit, j’assure quelques repas de poissons tout de même.

Dès le lendemain, nous repartons déjà, à destination de San Nicolau, une autre île 40 milles plus à l’est. Nous mouillons devant un petit village de pêcheurs, et restons deux jours sur place, le temps de faire le plein de quelques légumes, de balades et de baignades.

L’étape suivante nous conduit sur l’île de Sal, distante de plus de 100 milles. Ca aura été vraiment l’étape galère de notre navigation dans les eaux capverdiennes. Le vent est exactement de face, fort. Il nous faut tirer des bords contre le vent. Le problème est que nous avons également le courant contre nous (le courant des canaries, à presque 2 noeuds), qui annule totalement notre progression. Lorsque nous voulons passer la pointe nord de l’île de San Nicolau, nous tirons des bords pendant trois heures... pour nous retrouver au même endroit... Déprimant. Nous finissons tout de même par atteindre l’île de Sal, après presque 2 jours de navigation pour seulement 100 milles.

L’île de Sal est un endroit vraiment bizarre. L’île est totalement désertique, mais ce n’est pas particulièrement original au Cap Vert. Elle est surtout totalement plane, sans aucun relief. Balayée par les vents, une brume de sable s’élève presque en permanence. La quasi totalité de l’île est hostile, rien ne pousse. Les rares villages sont pauvres, sans eau, et sales. Seul le sud de l’île est peuplé par des complexes hoteliers affreux, sorte de Disneyland pour le tourisme de masse. Il paraît que sont les plages qui ont fait la bonne réputation de l’île. Pas très réjouissant comme endroit, pour nous en tout cas. Le petit village de Palmeira, où nous mouillons et où nous devons aller pour faire notre sortie du territoire, nous réserve en revanche une bonne surprise. Les gens sont accueillants, et l’ambiance est très sympathique. Nous retrouvons le catamaran Grandeur Nature qui nous livre un colis (une éolienne) à destination d’un copain de copains en Casamance. C’est l’occasion aussi d’une chouette soirée à bord de ce bateau rempli d’ado partis découvrir le monde et vivre autrement.

Voilà. Deux trois jours encore. Un autre mouillage avec des séances plage et plongée, pour faire le plein d’eau claire avant l’Afrique et ses eaux turbides. Et c’est parti pour Dakar !

Du Cap Vert au Cap Vert : de Sal à Dakar

Encore 350 milles de près serré nous attendent pour cette navigation que nous redoutons tant et qui va nous amener enfin sur le continent africain. Nous nous étions préparés au pire, pour ces trois ou quatre jours de près serré. A cette allure, le bateau gîte beaucoup, est très remué. Le pont est en permanence sous l’eau, nous sommes trempés. Tout les capots et aérations sont bien évidemment fermés pour éviter toute entrée d’eau, ce qui fait qu’il fait une chaleur étouffante à l’intérieur. Le tableau n’est pas réjouissant, mais ca ne se passe pas si mal que ca en fait. Nous avançons bien, et ce n’est pas si difficile, il suffit d’attendre.

Au bout de trois jours, la presqu’île du Cap-Vert, qui protège Dakar de l’alysée de nord et de la grosse houle de l’Atlantique, est en vue. Evidemment et comme d’habitude, c’est la nuit, nous ne raterions pour rien au monde cette expérience pénible et stressante qu’est l’arrivée de nuit dans un endroit que l’on ne connaît pas. Ca ne rate pas. Alors que la tristement célèbre île de Gorée est en vue, et que nous naviguons par vent de travers à presque 8 noeuds, le bateau s’arrête brutalement... pris dans un filet par la quille et le safran. Pas d’éclairage ni signalisation d’aucune sorte. C’est imparable. L’inévitable pirogue arrive quelques minutes plus tard. Il faut savoir que c’est le sport national ici, de faire prendre son filet par les voiliers de touristes pour leur extorquer l’argent de la réparation du dit-filet. La pirogue en question était à quelques mètres du filet, et nous regardait aller droit dessus. Surtout ne pas s’énerver. La situation est extrêmement embarassante, car le bateau est pris par l’arrière, toutes voiles dehors avec un bon 15 noeuds. Nous arrivons à rouler le génois, mais il est presque impossible d’affaler la gand-voile avec le vent venant de l’arrière. Ce que nous arrivons plus ou moins à faire cependant. Entre-temps, la pirogue nous aborde par tribord... et défonce tout le côté du bateau. Chandeliers, filières et filet de protection explosent sous le choc. L’ambiance est électrique, les mots peu amènes fusent de toute part. Après leur avoir intimé l’ordre de se placer à quelque distance de nous, nous entamons les opérations de plongée. Surtout ne pas couper le filet, il y a beaucoup d’argent en jeu. C’est Armelle qui s’y colle. L’opération est délicate autant que dangereuse. La plongée de nuit sur un filet n’est vraiment pas une activité recommandable. Armelle se prend à un moment le tuba dans les mailles et rétrospectivement, ca fait un peu peur. Une bonne demi-heure plus tard, le filet est libre, intact. Evidemment les pêcheurs ne nous remercient pas, et ce ne les empêchera pas plus tard de nous demander de l’argent pour le filet, en oubliant nos propres réparations, conséquence de leur abordage. Il nous faut encore une grosse heure pour rejoindre l’anse de Hann, devant le fameux CVD (Club de Voile de Dakar). Alors que l’ancre accroche enfin le sol sénégalais, nous oublions nos petits tracas et sombrons avec délectation dans un sommeil réparateur.

A nous l’Afrique !



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