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Trois semaines à Madère

samedi 14 novembre 2009 par Armelle

Porto Santo

Petite Ile volcanique toute pelée de l’archipel de Madère. Nous passons une petite semaine sur une bouée dans l’avant port de la marina après nos quatre jours de traversée depuis Lisbone. Enfin il fait beau et chaud (presque trop d’un coup), l’eau est turquoise et l’on se sent vraiment partis en voyage.

Nous y retrouvons quelques connaissances. Tout d’abord Dream Catcher , un équipage norvegio-équatorien et leur petites filles Marion et Yasmin nous attendent au mouillage, on nage jusqu’à leur bord et partageons le petit dej : tortilla et brocolis, vive les échanges culturels. Et quelle belle surprise de voir arriver toutes voiles dehors le bel Astrid qui entre dans la baie…magnifique, on saute sur la VHF, ‘Bato wouge’ ‘Bato wouge’ ‘Bato wouge’ (notre surnom pour Peter qui n’arrivera jamais à prononcer Parsifal).

On se repose deux jours plage/bateau, bateau/plage, les filles sont heureuses et nous on récupère des nuits de quart en dégustant un petit verre de vin de Madère le soir à la fraiche. Puis on part en excursion au village où l’on découvre que l’île connue de valeureux marins avant notre passage, incroyable, nous n’étions pas les premiers... et pour cause, la maison de Christophe Colomb transformée en musée témoigne du passé glorieux ( ?) des navigateurs espagnols et portugais. Louise et Margot s’adonnent avec Titouan, petit bordelais de Nomade à la traditionnelle « signature » sur la jetée... une œuvre d’art incontestablement !

Une petite nuit sur un mouillage sauvage au pied de la falaise où viendront tourner deux pétrels de Madère, tout au bout de la réserve marine où nous faisons de jolies plongées avec Daniel de Dream Catcher et filons vers Madère.

Madère

Une baleine plus tard (Bryde sans doute), on approche des falaises couvertes de végétation et d’habitations : quel changement de décor !

Le port est bruyant et animé, et nous sommes saouls de toutes ces lumières et attractions ; nous nous offrons un repas à terre : espada banana arrosé de Madère. Nous retrouvons les copains suédois sur la place du village où les chanteurs locaux se passent le micro pour reprendre des succès, Helena la torride équatorienne qui a sortit la robe en strass pour l’occasion fait sensation auprès des Madériens un peu éméchés, Louise et Yasmin et Margot font la ronde.

Ensuite le temps nous échappe un peu après une journée à l’hôpital pour remettre d’aplomb l’équipage : épanchement de synovie pour Sylvain, petites vésicules coriaces pour Louise et deuxième entorse sur la cheville pour ma part... Margot est en reste pour une fois.

Six heures d’attente plus tard, nous avons eu le temps de faire une petite étude sociologique de la place dont le fonctionnement ferait sans doute sourire les médecins attitrés de l’expédition (Ollivier et François... c’est encore l’Europe mais vous pourriez venir jeter un œil !)

La première rencontre, et non la moindre, sera de croiser le regard pétillant d’Yvon qui nous indique une bonne place de mouillage à notre arrivée sur Funchal. Alors que nous étions en attente d’authenticité maritime dans nos rencontres, nous voilà comblés. Yvon s’offre pour son anniversaire une petite virée à Tristan da Cunha, petit rocher posé au milieu de l’Atlantique par 40° sud. Un rêve, pour ce dessinateur - dont je reconnaitrais quelque couvertures de livres posés dans son carré - d’aller dessiner les contours de ce rivage qui achèveront les illustrations de son dernier ouvrage. Faut-il préciser que Tristan da Cunha n’a pas de port, qu’il pourra au mieux accoster sur un autre rocher plus au sud où les baleinières viendront peut-être le chercher pour mettre pied à terre... sinon il effleurera juste son rêve et fera route retour sur Tréguier. Sur son joli côtre de 1850, Yvon voyage en solo et s’il n’avait essuyé les 60 nœuds de la tempête tropicale de début octobre, il n’aurait jamais fait escale à Madère pour recevoir un ridoir de rechange. Nous avons passés de beaux moments ensemble, parlés de voyages, de ports, de chemins de vie, de dessins et de bateaux. Nous nous sommes quittés à Camara del Lobos, petit port de pêche sur la côte sud où l’on est partis en car, comme des écoliers en voyage de fin d’année ; Yvon se marre des pitreries des filles, on partage nos pique-nique, pâté Hennaf et kil de rouge, on est bien face à la mer sur le haut de la falaise. Nous sommes rentrés à bord pour apercevoir son mât disparaître... à la place des 2kg de semoule laissés à son attention sur le pont, une gentille petite carte. Où es-tu en cet instant Yvon ? La question nous vient régulièrement en tête, et nous imaginons chacun la météo que tu peux connaître... un peu inquiets un peu envieux d’avoir toujours l’énergie de poursuivre ses rêves à 70 ans. Ainsi va la vie, chacun suit son chemin, nous souhaitons que les nôtres se croisent à nouveau enrichis de nos nouvelles navigations.

La première fois que nous avons vu Astrid c’est depuis la terrasse du Yatch Club de Leixoes, le port commercial de Porto, on s’était offert un bon repas, accompagné par Jean-Marc qui voyage sur Beg Avel (un ovni 35)

les filles pataugeaient dans la piscine à disposition des yachties (juste nous en l’occurrence). Et là apparaît un joli deux mâts barque hollandais qui donne en un instant du cachet aux tristes digues grises et huileuses Photo Lexoes.

On échange quelques mots avec deux marins (le capitaine et le second) qui nous proposent de venir visiter le bateau avec les filles qui constituent décidément un vrai passeport pour les rencontres. Un peu sur les nerfs avec les multiples bêtises de Margot (décoration de l’intérieur très cosi du yacht club dans un style plus « hard core », natation synchronisée dans la piscine côté 2 mètres bien sûr, et le très célèbre lancé de fourchettes dans le port... bref la routine) ; on s’enfuit un peu à regrets avant que Sylvain ne comète un homicide. Peter l’avait bien senti, nous a-t-il avoué par la suite, et ce jeune grand-père qui rêve de petites filles pardonnera toutes les folies des deux blondinettes qui grimperont sur les cabestans d’Astrid comme à l’aire de jeu du ‘trou de Porspaul’. Ineke et Peter ont eux aussi laissé tomber leur business pour acheter Astrid qui navigue depuis trois ans comme navire école avec de jeunes hollandais ou parfois en charter pur... un joli cadeau à s’offrir d’ailleurs (http://www.tallshipastrid.nl). Ils mènent le navire à quatre, accompagnés de Willem un second de 22 ans qui aura au grand damn de Peter toutes les faveurs des filles (enfin, l’autorisation d’éplucher leurs cacahouètes essentiellement -c’est un début diront certains-) et de Bart. Pour cette saison au ralenti, Leinart un belge très sympa en stage sur Astrid et James le bel américain tout droit échappé de Big Brother complètent l’équipage (Aurelie, il a des airs de Johnny Depp, non ?).

Cela nous a valu de belles soirées, pour l’anniversaire de Leinart notamment, Sylvain arrivé en premier est monté au mât avec Willem et nous nous imaginions avec les filles de vrais pirates des caraïbes, prêtes à pourfendre un équipage entier pour une cargaison de cacao, postées à la proue du bateau dont les éclairages prêtaient il faut l’avouer à se laisser aller à la rêverie (à moins que la caipirinha n’y soit également pour quelque chose).

Anniversaire de Leinart sur Astrid

Là encore de jolis moments partagés durant ces trois semaines madériennes, et ce sera avec le cœur gros que l’on viendra saluer une dernière fois Peter et Ineke, qui nous avait préparé deux énormes portions de plats cuisinés maison pour les deux jours de navigation qui nous attendait !.

Nous croisons depuis les îles Cies un magnifique ketch de 75 pieds avec à son bord un couple avec un jeune bébé : on se salue de loin, des jeunes qui convoient un bateau de cette taille, pour du charter sans doute... Et bien pas du tout, Jack qui ne fait pas son âge, a plaqué entreprises et famille pour refaire sa vie avec Brenda, une belle aiguilleuse de trafic du port de Rotterdam. Comment dire entre Parsifal et Modesty (oui oui c’est le nom de leur bateau http://www.sy-modesty.com) il y a plus qu’un monde et je ne pensais pas pouvoir me lier d’amitié avec un ‘top model’, reine du shopping qui dégaine la carte bleue aussi vite qu’elle change de paires de chaussures (même Audrey – ma boots’référence jusqu’alors est largement battue). Jack et Brenda sont juste adorables, ils sont vraiment drôles et ne se prennent pas du tout au sérieux, du coup le standing de leur bateau ne facilite pas les rencontres ce qui les peine sincèrement.

Bloqués sur Funchal depuis une semaine ils attendent un moteur d’enrouleur de grand voile endommagé lors de leur traversée depuis le Portugal. Ils décident, pour tuer l’ennui d’aller au devant des autres et organisent un brunch avec l’équipage d’Astrid et nous, les ‘bato wouge’ (ils sont hollandais également). On se rend compte quelques bouteilles de rouge plus tard et au fil des belles journées (et soirées) passées ensemble que nous cherchons tous plus ou moins la même chose et devons affronter les mêmes problèmes... les soucis techniques et financiers étant juste proportionnels à la longueur du bateau. Anna –Sophie, la petite princesse du Modesty regarde médusée Margot sauter dans sa piscine de pont et Louise faire le cochon pendu sous la baume... la présence d’autres enfants est toujours intéressante pour des loupiots en voyage et chaque bord en profite. Les tee-shirts pourris de Sylvain mes chaussures trouées ou les « tenues »des filles qui sont déjà hors-service passé 10 heures du matin nous valent les meilleures plaisanteries de Brenda décidément espiègle à souhait. Elle coiffe même Sylvain de vitesse en plagiant à son égard un amour secret qu’elle ne peut dévoiler devant Jack et moi... un petit jeu que la plupart d’entre vous, les filles, connaissez bien de la part de Sylvain, qui ne se privera pas de railler à son tour sur la taille ridicule de leur chien en comparaison de celle de leur bateau. On fait le mur de la piscine municipale pour s’offrir un bain de minuit sous la pleine lune. Bref, on se sent tous les quatre très à l’aise, on déconne vraiment (même si on doit passer par l’anglais) et cela fait du bien de retrouver un semblant d’ambiance lampaulaise (ben houai les copains, vous nous manquez !). Ce sera là encore dur de les quitter alors que leur pièce est bloquée par UPS Lisbonne pour plusieurs jours. La fenêtre météo pour quitter Madère n’est que de 2 jours, avec Parsifal on ne peut pas se permettre de rater cela…on se retrouvera certainement sur le chemin.

Entre tout cela, nous avons profités en famille de la luxuriance locale pour faire de superbes balades le long des « levada » tranchées de pierres qui conduisent l’eau sur toute l’île et permettent un développement de la culture en terrasse qui n’a rien à envier aux rizières asiatiques.

Les traversées des vallées prennent une allure de jardin d’Eden : châtaignes, pommes, raisins, puis plus bas fruits de la passion, papayes, mangues, avocats, cristophines, bananes et courges variées, on se régale au passage de ce qui dégouline littéralement des levées de terre. Funchal possède également de superbes jardins et un marché de fruits et poissons qui régalait les filles (yeux et ventres).

La laurisylva, foret primitive, donne également une superbe ambiance « préhistorique » au centre de l’île due aux fougères arborescentes, myrtilliers géants, ou lauriers endémiques. Puis les montagnes avec trois sommets autour de 1800 mètres nous ont permis successivement (enfant obliges, on avait mis en place les day-off à bon escient) d’admirer en solo la mer de nuage qui s’accroche sur l’île et une vue époustouflante sur les côtes nord et sud simultanément et de belles rencontres de bussards, warbler ou mésanges tous également endémiques (sur une île isolée c’est trop facile).

Je regrettais que ma copine Brenda ne puisse se joindre à moi pour la randonnée et pas seulement parce que je perdais mes meilleures chances d’autostop… Jack et Brenda sortait pour la première fois de Funchal sous notre impulsion et découvraient qu’il était possible de bouger en voyage avec des enfants ; j’aurais été contente qu’on passe notre deuxième « day-off » ensemble dans un univers naturel plus proche de mes aspirations. Pour le premier essai, on avait carrément enlevé Ineke de son intendance quotidienne sur Astrid pour une excursion toutes les trois sur un parcours d’au moins 500 mètres jusqu’au shoping center du coin... je suis moqueuse, on a passé une belle après-midi à papoter, boire du blanc et faire les boutiques en trouvant tout génial... dingue, non ? J’avais l’impression de vivre le film Pretty Woman et aurais du me douter que mon goût pour les petits rads miteux, où on se pose dans un coin pour se faire oublier et regarder les locaux, ça marche pas du tout avec une superbe blonde de 1, 85m en robe de soirée : cela nous a valu des situations cocasses.

Pour la suite de l’histoire de la randonnée Pico Ariero-Pico Ruivo, j’ai finalement attendu 30 secondes pour être prise en stop par un couple de français en vacances, Christian m’accompagnera sur le chemin, enfin plutôt, je tenterais de le garder à vue après avoir appris qu’il avait par deux fois participé à la diagonale des fous (le célèbre raid de la Réunion, une référence en la matière)... sympa de m’avoir attendue, alors que ma cheville commençait seulement à se remettre mieux valait ne pas trop rester isolée. Sylvain de son côté a joué les grands sportifs faisant tout le parcours plus les accès soit 35 km et plus de 1000 mètres de dénivelés en 5 heures ; à croire que cela à dérouillé son genou de l’infiltration de cortisone (c’est vraiment bon comme rééducation ça les docs ?)

Pour toutes ces pérégrinations, il nous fallait prendre les bus et nous étions donc restés ancrés au port de Funchal, point de départ de la quasi-totalité des connexions. Malgré le bruit des animations nocturnes et les incessantes sollicitations de touristes pour : un repas sur le bateau des Beatles (on en sait pas plus mais il est posé sur le quai et lancine le répertoire entier des Beatles à longueur de journée), un tour en funiculaire, une dégustation de Madère, où des fruits exotiques à prix d’or ; le manège des paquebots de croisière venant s’amarrer chaque jour pour quelques heures offrait une animation très intéressante pour les filles : « Tiens, c’est le Cunard de la semaine dernière me dit Louise » drôle de monde que ces citées flottantes avec les filets des terrains de baskets qui finissent d’enlaidir le pont supérieur. Ce commerce constitue cependant la ressource majeure de l’île qui pourrait sacrement pâtir d’un changement de mode touristique.

Halloween sur les pontons de Funchal

Dans l’histoire de notre découverte de Madère il y aura incontestablement un « avant » et un « après » Gorges. Le contact nous avait été donné par Gildas et Mathilde (1000 mercis !) et nous avons mis quelques jours et plusieurs tentatives avant de voir débarquer un grand bonhomme au sourire charmeur alors que l’on s’amarrait à la marina après une nuit de roulis et deux filles en crise de gastroentérite. En quelques minutes, notre fatigue était envolée, l’enthousiasme et la gentillesse de Gorges nous a regonflé pour la journée qui aura été consacrée exclusivement à la lessive de la totalité des couchages et coussins du bateau.

Rendez-vous fixé deux jours plus tard pour une visite de la côte nord de Madère -voyage qui prend quatre heures aller en bus local- l’équipage de Modesty se joindra à notre expédition : les bonnes adresses, les explications historiques ou les anecdotes, Gorges sera notre guide particulier pour la suite de notre séjour.

Nous passerons de très bons moments ensemble, avec Anna sa compagne également ; seul regret de n’avoir pu rencontrer leurs enfants eux-mêmes biologistes marins qui proposent des sorties en mer pour observer les très nombreux mammifères qui croisent dans les eaux, une compagnie à privilégier parmi la jungle d’opérateurs touristiques qui arpentent le port, le joli Ventura do Mar en bois de Gorges a un charme et un savoir sans équivoque (http://www.venturadomar.com) ; à vous de voir à l’occasion !

Il serait difficile de mentionner tous les bons moments (et les moins drôles), les rencontres, il y en a eu bien d’autres tout aussi sympa qui mériteraient de figurer dans le récit, que les navigateurs nous pardonnent : Francis et Marie sur Gwenili de l’Aber Warch

qui doivent filer vers Istanbul et avec qui ont a déguster pas mal de bonnes bouteilles en trinquant à la santé de la Cie Une de Plus (www.cie-unedeplus.com) et de « notre » Guillaume commun, Pato Pampa

(Bernadette et Michel merci pour le livre, « Le cercle celtique » de Björn Larson c’est une petite perle de policier pour navigateurs bretons) que l’on espère revoir sur la route avant que les chemins ne se séparent à nouveau entre ceux qui traversent vers les Caraïbes et les quelques indécrottables qui veulent filer vers l’Afrique sans trop bien savoir expliquer pourquoi.

Nous postons ces quelques lignes depuis l’île de La Graciosa, la plus à l’est des Canaries. Le port est plein à craquer, tout le monde est venu s’abriter des 30 nœuds de nord-est qui lèvent une méchante houle et nous valent cinq bateaux à couple. Trois volcans, du sable et un petit port bordé de quelques maisons blanches au style magrébin, voilà le décor de ce spot surtout renommé chez les surfeurs.


En réponse à :

Trois semaines à Madère

18 novembre 200921:45
merci pour vos nouvelles pleines de soleil et de partages ! ici la pointe bretonne vient d’essuyer sa première tempete de l’hiver... ça fait du bien de vous lire !on pense bien à vous & on vous embrasse.mahayana family.


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