parsifal-le-voyage.org

De Port Said (Egypte) a Finike (Turquie)

mardi 24 juin 2003

350 milles entre l’Egypte et la Turquie, en traversant du sud au nord la Méditerranée orientale : chronique d’un mal de mer récurrent

Vendredi 20 juin 2003, Port-Saïd, 31°14’N 32°17’E, 123 milles

Il est 7 heures et le canal de Suez s’éloigne derrière nous, cache maintenant derrière les hideuses constructions de Port-Saïd. On devine encore sa présence a celle de nombreux navires marchands, au mouillage ou bien manoeuvrant pour prendre leur place parmi les deux convois quotidiens des gros navires dans le canal.

C’est pour nous la prise de contact avec la Méditerranée, sur laquelle nous n’avons jamais navigué, et Parsifal non plus. Nous ne serons pas déçus, car derrière la jetée brise-lame qui s’élance loin au large de la ville, c’est l’horreur sur la mer. Malgré une faible brise (10-12 nœuds, force 3), la mer est formée, hachée, terriblement courte et a coup sur mortelle pour la marche d’un petit voilier. Ceci est du sans doute a la présence de hauts-fonds sur plusieurs dizaines de milles. Nous prenons patience. Les choses s’améliorent lorsque l’on peut avancer enfin à la voile. Le dur clapot s’atténue légèrement, mais pour laisser la place a une grosse houle d’ouest, étonnante par ce petit temps.

Le vent monte en même temps que la toile portee par Parsifal se réduit. 1 ris puis 2, le génois est maintenant a moitie enroule, et la mer forcit toujours. Ce n’est pas la tempête, et la mer n’est pas grosse, mais incroyablement dure pour Parsifal qui tape beaucoup et n’avance pas très vite, au près serre, parfois bon plein. Pour la première fois depuis notre départ de Thaïlande, nous sommes malades tous les deux du mal de mer !!!

La nuit tombe et nous sommes surpris de constater que la température s’est brutalement rafraîchie maintenant que nous sommes passes dans le bassin méditerranéen. C’est très remarquable, surtout la nuit. Nous ne sommes qu’a 35 degrés nord de latitude, en plein été en Méditerranée, par très beau temps, et nous avons froid : ça promet pour le retour en Bretagne a l’automne. Nous sommes obliges d’enfiler nos cires pour la nuit, par-dessus les combinaisons de pluie. Ce froid n’arrange pas nos petites affaires de mal de mer. Nous perdons peu a peu tout courage (surtout celui de se faire a manger, mais a l’intérieur du bateau c’est de toutes façons l’apocalypse) et toute motivation. La nuit est longue.

Samedi 21 juin 2003, 33°14’N 32°07’E, 111 milles

Mais finit par se lever sur une très belle journée (ce qui n’est pas rare dans le coin, d’ailleurs)… Où le vent mollit un petit peu, et la mer aussi. Nous reprenons avec le jour un peu d’enthousiasme, de force et d’appétit en même temps que l’envie de vomir s’estompe. C’est incroyable comme le mal de mer est capable d’anéantir tout un équipage, pourtant amarine depuis longtemps (!).

Alors que Parsifal portait toute sa toile depuis le début de la matinée, le vent se lève a nouveau à l’approche de midi. A nouveau, nous sommes obliges de prendre 1, puis 2 ris, et la mer se relève de plus belle, accompagnée cette fois d’une très grosse houle d’ouest levant des vagues très grosses. Ca mouille beaucoup sur le pont et l’intérieur de Parsifal commence a être vraiment humide : on se croirait presque déjà a la maison, en Bretagne !

Le mal de mer revient très vite : une fois qu’il s’est déclaré une fois pendant une traversée, il n’est jamais très loin. On se force à ne pas rester trop à l’intérieur et a venir prendre notre douche d’eau salée a l’extérieur. Bienvenue en Méditerranée !

Dimanche 22 juin 2003, 34°53’N 31°08’E, 95 milles

Cette journée sera enfin plus tranquille que les précédentes, la mer devient peu a peu plus maniable et le vent ne dépasse plus 15 nœuds. Toujours au près, Parsifal allonge doucement son étrave vers la Turquie. De grondements féroces, les bruits sur la coque sont maintenant de doux murmures. C’est chouette d’entendre le bateau glisser tranquillement sur la mer, sans heurter ni se battre.

En fin de journée, le vent baisse vraiment, et la nuit sera une nuit calme, dans une mer devenue bienveillante. Dans ce vent faible, Parsifal se la coule douce, et dépasse rarement les 4 nœuds, plutôt 2 ou 3. Au matin, l’avance est devenue presque imperceptible, et nous nous résolvons a polluer le silence sacre de la mer par le doux bruit du moteur diesel, que les oiseaux nous pardonnent, nous sommes vannes et avons hâte d’arriver maintenant. Il reste une trentaine de milles avant d’atteindre le port de Finike.

Lundi 23 juin 2003, large de Finike, Turquie, 36°05’N 30°17’E, 15 milles a parcourir avant Finike

Les montagnes se dessinent maintenant au dessus de l’horizon. Bien au dessus de l’horizon. Quelles sont hautes ces montagnes et comme elles font l’arrivée longue !

Nous mouillons dans la marina de Finike vers midi. Il nous reste à nous occuper maintenant des formalités d’entrée en Turquie.


Accueil du site | Contact | Plan du site | | Statistiques | visites : 308691

Suivre la vie du site fr  Suivre la vie du site Livre de bord   ?

Site réalisé avec SPIP 2.0.8 + AHUNTSIC

Creative Commons License