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Série noire...

mardi 1er juin 2010 par Armelle

Certains d’entre vous avaient déjà fait part de leur désir de connaître un peu plus ’l’envers du décors’ d’un voyage familial à la voile. "C’est vrai quoi, il nous barbent avec leurs récits d’aventures, d’animaux sauvages, de rencontres folles et de photos souriantes". Et bien voici qui devrait remettre un peu les pendules à l’heure :

Et si on vous disait en résumé qu’on s’est pris force 11, qu’on a entamé les traitements anti-palu ....en curatif, qu’on a niquer les 3 moteurs du bord en moins d’une semaine, qu’on a déchiré la grand voile neuve et qu’on vient de finir le pot de Chocolinette ; bref y’a eu des moments meilleurs dans cette année de voyage.

Tout à commencé durant ma semaine à Bissau, où j’ai débuté en pleine nuit une fièvre délirante avec tremblements, sueurs et tout le tralala qui agrémente ce genre de festivités ; au même moment sous le clair de lune de Bubaque, une charmante personne nageait tranquillement jusqu’à l’arrière de Parsifal munie d’un outil tranchant qui lui a permis de détacher notre annexe et de lui subtiliser son moteur HB.

Bon pour cette première phase, une plaquette de Quartem et un bon stock de paracetamol ont calmé les effets de la première crise. Crise qui a continué à toucher Sylvain qui se perd en négociations avec la police locale sur le tarif à régler pour qu’elle daigne commencer à prendre l’affaire en considération : classique mais fatiguant.

Mais nous avions une deuxième corde à notre arc. Prévoyant comme à l’accoutumée, le préparateur en chef du Parsifal 2010 avait embarqué un vieux Mercury 3CV tout pourri qui devait le sortir d’affaire pour conduire à terre durant la semaine les filles avant la cloche de 7h30 de l’école ; ceci en dépit du courant qui sévit dans le chenal de Bubaque.

Une deuxième crise et une visite au seul centre de santé convenable de la capitale (merci Jeremy) et on me charge littéralement sur le ferry où je comate durant les cinq heures de traversée. Sylvain vient me chercher en annexe au débarcadère pour limiter les efforts...et le Mercury rend l’âme sur la traversée retour que nous finissons donc à la rame.

La situation s’arrange doucement avec la pharmacie du bord, le moteur quant à lui reste introuvable ; nous décidons donc d’aller se remettre de cette mauvaise passe dans les îles du sud de l’archipel où les tortues (jusqu’à 12 000/an) viennent pondre sur des plages de sable blanc.

Nous y retrouvons Yoanis et Rita LE seul autre voilier sur la zone et donc un des cinq chanceux bateaux qui a osé cette année s’aventurer dans cette zone isolée et superbe. Nous y avons également fait la rencontre de Claude qui vit avec sa femme Marie et ses trois enfants sur le petit îlot de Joao Veira, proposant des séjours de pêche dans de jolis bungalows. Belles parties de pêche, grillade de poisson sous les étoiles, ramassage de mangues sauvages et baies au petit goût de cerise, on se retape en effet. Samedi matin, on est prêts pour mettre la route sur Meïo afin d’y fêter l’anniversaire de Sylvain ; je m’apprêtais à remonter l’ancre quand Sylvain m’annonce "Le joint de culasse est mort".

Bon.

On reprend un café, puis encore un autre. Et on fait le tour des options qui s’offrent à nous : pas sérieux d’envisager l’entrée de la Casamance sans moteur, pas sérieux non plus de tenter le chenal de Bubaque et pour y trouver quoi de plus en terme d’assistance, Bissau n’est pas beaucoup plus achalandée, restent Dakar les Canaries ou le Brésil. ON présente la situation aux filles en leur expliquant que l’on repart à la voile et que cela risque d’être long. Fort heureusement pour naviguer il faut avoir de la chance (n’est-ce pas Colin ?), nous sommes dans un des seuls mouillages que nous avons visité aux Bijagos qui nous permet de sortir à la voile : parfait.

Joao Vieira vue de la côte est, le départ. Joao Vieira vue de la côte Est, le départ

Dimanche matin, on remonte l’ancre pour à priori Dakar et on longe Joao Vieira à 0,2 nœud pour 300 miles de près serré. On mouille le soir à 12 miles de notre mouillage du matin, mais on est sortis de la passe, c’est déjà cela, on va donc se baigner tenus pas un bout dans le courant et on fête l’anniversaire de Sylvain avec la dernière mangue arrosée de chocolat fondu.

Louise en PMT autour du bateau Louise s’éclate à suivre les daurades en pleine eau !

Happy Birthday Sylvain

Les deux journées suivantes sont à peut près identiques : la nuit on navigue en cherchant le vent et le jour on cherche de quoi distraire les filles.

Louise concentrée pour son premier virement de bord Louise concentrée à la barre pour son premier virement de bord...il y en aura de nombreux vous l’imaginez ! Concours de bonhommes en pâte à modeler : les gagants. Concours de bonshommes en pâte à modeler : les gagnants

La troisième nuit, on touche enfin du vent : 15 nœuds, c’est bon de sentir Parsifal revivre sur les flots. Je suis réveillée par la gite durant le quart de Sylvain, 4 heures du mat’, 35 nœuds, une masse sombre zébrée d’éclairs venant de l’est : c’est la tempête tropicale que l’on redoutait à cette époque. Prises de riz, génois réduit à un mouchoir, on a du mal à manœuvrer dans les 60 nœuds qui s’abattent sur nous en quelques minutes levant un mer surprenante. Les vagues sont pourtant écrasées par le grain et nous filons en fuite au sud, les filles sont réveillées, plus par le bruit de tout ce qui dégringole d’un bord sur l’autre que par la mer en elle même. Trois heures rudes puis le vent mollit, la mer se calme, le jour se lève pour nous permettre de faire le compte des dégâts : on a perdu pas mal de trucs pas suffisamment bien arrimés sur le pont, trois coulisseaux explosés et notre belle grande voile toute neuve montre une jolie déchirure le long de la bordure... On se fait un bon petit déjeuner (le pain maison a été au menu quotidien) et on attend que la mer se calme pour retirer complètement la voile. Il nous faudra tout de même deux bonnes heures pour mettre à poste la GV de secours (hé, hé, ils sont malins ces Parsifaliens tout de même) et on repart vaillamment à 0,8 nœuds dans une houle peu confortable vous l’imaginez.

Fourbu mais sain et sauf, l'équipage après la tempète Fourbu mais sain et sauf, l’équipage de Parsifal après la tempête

On va vous abréger la suite de la traversée qui finalement s’est bien déroulée, peu de vent, toujours dans le nez. Les options de navigations ont fini par payer : on touche Dakar samedi soir et gardant jusqu’à la fin un peu de suspens. Un dernier virement de bord notamment à 25 centimètre d’un filet flottant et une prise de mouillage raté à cause d’un guindeau coincé...

Arrivée dans l’anse de Gorée, quelques heures de virement de bord entre les cargos et les filets de pêche

Bref on est à la grande ville à courir les échoppes pour trouver de quoi refaire ce fichu moteur. On devrait en profiter pour faire un carénage du même coup ; changement d’ambiance donc, mais finalement rien de grave à déclarer. Les filles sont en pleine forme et ne rêvent que des plats de frites servis au Club de voile, reste le dessin de Margot un peu bouleversée par la tempête (en logo d’article intitulé "quand la mer elle fait des grosses vagues"). C’est ça aussi le voyage !


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